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samedi 22 juillet 2017

Remontee du Maroni




            Bon ben voilà, encore une fois l'homme s'est barré de la maison pour faire le fou et nous a lâchement abandonné, la Princesse, le petit Holy et Moi. Bon en même temps ça a été la fiesta pendant une semaine, on a fait toutes les bêtises de la terre, on s'est éclaté et on a dormi à la clim dans la chambre pendant que lui il était dans son hamac à la belle étoile . . . .
En plus pour être sur d'être peinards pendant cette période on a foutu les petits dans l'avion direction la métropole ! qui est ce qui a dit que les vacances ne commençaient pas bien ;-) ?!?

     Bon comme j'ai mes sources (et de grandes oreilles), que j'ai eu accès à son appareil photo dès son retour et vu ma grande connaissance du département, je vais pouvoir vous faire un topo de cette semaine dont l'objectif unique était d'embarquer dans une pirogue traditionnelle en bois à Saint Laurent du Maroni et de remonter le fleuve jusqu'à Maripasoula soit plus de 300 Km de "rivière non navigable" (dixit les autorités fluviales de métropole).
En fait pour être honnête, je lui ai fait une grosse léchouille à son retour et je suis resté avec lui quand il a vidé son sac de voyage et là il a craqué devant mes grands yeux et il m'a raconté toute son épopée en détail, du coup je vous la livre comme il me l'a contée.
Les moments forts de cette aventure: le fait de passer d'un pays à l'autre en permanence puisque le Maroni sert de frontière entre la Guyane et le Suriname, être au contact des différentes ethnies vivant au bord du fleuve, approcher les points de ravitaillement des orpailleurs clandestins et côtoyer ces derniers ou bien encore découvrir les abattis Coticas . . .
Alors prêt à s'en mettre plein les yeux ?!? (les photos restent dans leur format d'origine, vous pouvez les agrandir en cliquant dessus)



 Avant de commencer, quelques précisions sur ce magnifique fleuve qu'est le Maroni. D'une longueur de 611,7 km, le fleuve et ses îlots étant surinamais, la rive droite fait office de frontière entre la Guyane et le Suriname jusqu'à son embouchure commune avec le fleuve Mana.
Le Maroni est une voie de communication essentielle vers les communes intérieures de la Guyane. La pirogue reste donc le principal moyen de transport de la région. Tout au long de son cours se succèdent villages Bushinengué (Boni, Djukas, Paramaccans, Saramacas) et Amérindiens (Lokonos, Kali'nas, Wayanas).
Plusieurs îles et de nombreux rapides appelés « sauts » (appelés aussi "soula") en Guyane jalonnent son cours. On dénombre environ quatre-vingt-dix (90) sauts.
Infos Wikipedia.
 


Bon avant de commencer, ce qu'il est important de savoir c'est qui sont les participants et qui s'occupe de la pirogue.
Pour les premiers, voilà donc l'Homme, son pote Gilbert et la copine de ce dernier Céline (normalement vous devriez pouvoir retrouver chacun, si ce n'est pas le cas, allez faire un tour au Polygone Riviera vous serez surement plus à l'aise qu'à regarder des photos de la nature en Guyane)














Ne parlez pas à l'Homme de sa casquette, c'est la deuxième qu'il perd ... (en même temps, vu la tête que ça lui fait, c'est peut être pas un mal !!!)




A votre gauche une belle pirogue traditionnelle toute décorée tandis que sur la droite vous avez le pilote de la pirogue  et son assistant .
(Pour info notre pirogue était plus grande, transport de matériel et de futs d'essence, oblige)




     J'ai pas trouvé de photos du "bossman" mais d'après ce qu'a dit l'homme, le pilote était tellement bon qu'il a passé son temps à dormir sur la pirogue pendant une semaine . . .






" On est lundi matin,nous sommes rassemblés devant l'office de tourisme de Saint Laurent avec nos sacs, voilà que la pirogue arrive, c'est parti pour une aventure de 6 jours. Pour nous rassurer on embarque au niveau d'un vieux bateau à moitié immergé qui a surement connu des jours meilleurs et que le temps a transformé en île et qui a développé sa propre végétation.


 Rapidement, ce fleuve-roi se révèle bien impétueux et les sauts s'enchaînent. manœuvrer une pirogue de type "fileuse" de plus de 12 mètres bien chargée  n'est pas une mince affaire, mais notre pilote, né sur le fleuve est totalement dans son élément, semble lire sa route comme si celle-ci lui était indiquée par d'invisibles signes . . . 



           les heures se suivent et ne se ressemblent pas, les 80 CV de notre monture nous propulsent à bonne vitesse et les paysage que nous découvrons (bien qu'habitués aux ballades et virées sur le fleuve) sont magnifiques.

La rive surinamaise se révèle très active, de nombreuses maisons ou villages s'échelonnent tout au long de la rive. La population s'est véritablement ancrée sur les berges exerçant un petit commerce ou bien vivant des ressources du fleuve. Ce n'est pas le cas côté français, passé Apatou, c'est le grand "désert vert"; Les populations françaises de l'intérieur (du moins  une certaine partie) ne conçoivent pas le fleuve comme les surinamais, pour eux l'accès doit pouvoir se faire en voiture, donc pas de pistes, pas de population. On a clairement chez nous un abandon du fleuve comme axe de circulation.

Il faut en plus noter que la rive surinamaise accueille tous les orpailleurs clandestins qui viennent s'approvisionner et se reposer dans des villages de bois dignes de la grande époque du far west . . .




     Et de l'approvisionnement, il en faut car partout sont installés des groupes électrogène qui apportent "la civilisation" au bout du monde. Et donc régulièrement nous voyons des pirogues de plus de 20 mètres chargées de futs d’essence nous dépasser, poussées par d'impressionnant moteurs de 200 CV.








 Parmi les arrêts réalisés nous prendrons le temps de faire une pause dans le village de Sooke dont la caractéristique est la fabrication de pirogues traditionnelles de toutes dimensions.
Des explications intéressantes, recueillies auprès des différents groupes qui travaillent sur des pièces plus ou moins grandes nous apprennent qu'il faut compter 15 jours pour la fabrication d'une pirogue traditionnelle de 8 mètres. que la préparation du tronc se fait en forêt et qu'ensuite ce dernier est amené évidé sur site pour que débute sa préparation .
Chose importante, il va falloir élargir le tronc, l'ouvrir, ce qui explique les barres de bois que l'on peut voir sur la photo. Ensuite viendra la pose des montants et des traverses qui renforceront la structure.



Bien que magnifiques (il faut dire que j'ai joué un peu sur les réglages de l'appareil pour fausser les couleurs) ces pirogues nécessitent beaucoup d'entretien contrairement aux coques alu que l'on trouvent partout en Guyane. Toutefois, le prix reste largement abordable puisqu'il faut compter 2 000 euros pour une pirogue de 8 mètres (non décorée).

Notre périple continue donc et nous nous arrêterons au gré de nos envies, pour manger, se baigner, visiter des villages, rencontrer des gens mais aussi des animaux.
Et là j'en profite pour vous mettre de très belles et très audacieuses photographies de la faune locale, certains spécimens étant plus morts que vifs, repas du soir oblige . . . .


















Des fois certains animaux me font penser à des gens que je connais . . .















 


        Là clairement, c'est mon animal préféré, je n'avais jamais eu un tamanoir dans les bras, c'est fantastique !! C'est super doux ;-)
(Pour les défenseurs des animaux, ce dernier a été retrouvé seul sans sa maman et n'est pas encore sevré, il a été recueilli par un habitant du fleuve qui l'élève avec beaucoup d'amour)



























          Un magnifique ara d’Amérique du sud, on notera qu'il est semi apprivoisé car non attaché.




Pour les puristes en matière de photo, l'Homme a dissocié les couleurs en gardant sur la première image uniquement celle de la flore, et en basculant le perroquet en nuances de gris.


(il teste son nouvel appareil photo !!)
















 




   Ça c'est le repas du jeudi soir, un coup de fusil bien placé (ce sont les piroguiers qui se le mangeront, nous on mangera du cochon bois et de l'aïmara)




 
       




 Nous poursuivons notre remontée du fleuve et au détour d'un bras nous découvrons ce que nous espérions ne pas voir, une barge d'orpaillage clandestin en activité.
Et oui, l'or est omniprésent en Guyane et attise les convoitises. Plus on remonte vers l'intérieur des terres plus le contrôle du fleuve devient difficile aussi bien à cause de la distance que des difficultés d'accès avec pour conséquence bien sur, une exploitation incontrôlée de ce métal précieux.


                   








   Nous continuons notre progression sur un fleuve aux comportements divers et variés. Parfois tumultueux, il devient quelques kilomètres plus loin très calme voire piégeux car susceptible de faire relâcher l'attention du pilote. Mais il faut rester prudent car les dangers sont au dessous de la surface et seuls les mouvements de l'eau et la connaissance parfaite du fleuve permettent de les éviter.



En parlant de fleuve tumultueux et de passage de saut, je vous invite à suivre ce lien et à regarder cette vidéo de moins de 2 mn, réalisée au cours du voyage et montrant un passage de saut. Étonnant, même si je trouve que cela ne rend pas autant que lorsque l'on est à bord de la pirogue ...

Arrivé à ce stade de notre périple, vient la découverte d'un des plus bels endroits que j'ai été amené à visiter depuis que je suis en Guyane, les abattis Cottica classés Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique depuis 2011). Avant d'en parler et surtout de vous montrer de magnifiques images de ces paysages féériques, voici une petite présentation de ce site par  le magazine "une saison en Guyane".

Il s'agit d'un lieu d'intérêt paysager, écologique et culturel. En période d’étiage, les sauts des grands fleuves guyanais deviennent des ponts de roches qui relient les rives entre elles. La faune en profite pour circuler librement, ce qui permet, entre autres, à la biodiversité de se maintenir dans de bonnes conditions. Ces ponts sont pour les naturalistes des corridors écologiques.
Le long du Maroni, sur sa portion appelée Lawa, se situent les Abattis Cottica, site emblématique du pays Aluku, où la montagne du même nom domine le fleuve sur une de ses parties les plus majestueuses. Il est ici fragmenté en une infinité de bras et d’ilots forestiers, entrecoupés de sauts spectaculaires.
Sur la rive droite, la montagne Cottica, ou Lebi Dotsi en Aluku, culmine à un peu plus de 730 mètres, soit un des plus hauts reliefs de la Guyane. Cette proximité du fleuve au pied de la montagne constitue une combinaison de paysages exceptionnels. Riches d’une diversité d’habitats naturels abritent une faune et une flore très diversifiée. 
Pendant des kilomètres, avec une variété éblouissante les perspectives se renouvellent à chaque instant en une symphonie infinie de verdure qu’éclairent des grappes de lianes aux fleurs multicolores. Sur les pentes du Mont Cottica, s’enflamment d’énormes bouquets jaunes, floraisons des ébènes soufrées.

Je vous laisse apprécier la beauté du paysage et imaginer ce que cela peut faire de se laver dans le fleuve face à un tel paysage. J'avoue, j'ai été envouté . . . . 






       


      Des fois un petit peu de flore avec des couleurs somptueuses vous surprend alors que vous avez les pieds dans l'eau et l'âme vagabonde, . . . .








Les jours s'enchaînent et le temps file, nous retrouvons déjà les traces de la civilisation puis "les grandes villes " de l'intérieur, Papaïchton et Maripasoula.



  Dernière escale sauvage à midi pour profiter de l'eau et de la tranquillité, très bientôt nous rejoindrons Maripasoula notre destination finale.

Chose particulière il n'y a pas de route qui mène à ses territoires, pourtant des 4X4 et pick up sont régulièrement amenés en pirogue ce qui donne un spectacle quelque peu étonnant. Ainsi son propriétaire pourra faire le tour du village. Quelques jours avant notre passage, "Guyane première" avait fait sa première page avec le transport jusqu'à Maripasoula d'un camion de pompier flambant neuf !!
 Oui, je sais ce que vous pensez . . . c'est pire que "Nice Matin" !!!





  Pas Faux   . . . . .

 Et voilà, un peu de confort une fois arrivé au terme de notre voyage, pour la première fois depuis le départ nous dormons dans un lit et non sur un hamac, c'est cool . . . .

 


La journée et demi de repos que nous passerons à Maripasoula nous permettra de visiter le bourg mais aussi de nous rendre sur la rive surinamaise et faire le tour de Albina II, le pendant de la ville d'Albina qui se trouve en face de Saint Laurent du Maroni.








Par contre là, pas de civilisation qui tienne, on paie en euros et si on on en a pas on fait comme les garimperos, on paie en or brut ..... ça calme
 

Il est déjà temps de reprendre l'avion pour retrouver "la civilisation". ici pas de Boeing, juste un petit coucou de 17 places et une piste juste assez longue pour décoller. Pas question de se rater sinon on se mange un morceau de forêt équatoriale version pas cool du tout.































Je n'ai pas pu résister au plaisir de vous mettre deux photos de la Guyane vue du ciel. sur la première toute la beauté de cette nature sauvage juste traversée par une piste en terre battue et malheureusement sur la seconde le drame d'une nature défigurée par l’appât du gain et la recherche de l'or (là nous sommes bien au dessus du territoire français et non surinamais !!

Je n'ai pas envie d'épiloguer plus sur ce fléau qui frappe la Guyane et contre lequel nos responsables locaux ou nationaux ne font rien pour la simple et mauvaise raison qu'ils s'en foutent plein les poches .Au cas où ces gens là l'auraient oublié, l'or comme les billets de banque ne se mange pas . . . .




     Et comme il faut toujours finir une aventure sur une note d'optimisme, voilà une dernière photo des abattis Cotica, juste au petit matin, quand la brume s'écarte, qu'un timide soleil apparait et que chacun vaque à ses occupations.

Un moment merveilleux que cette remontée du Maroni, un incontournable à réaliser que l'on soit sur place ou bien que l'on vienne voir des amis installés sur place (au fait ne traînez pas, le temps file et nous n'allons pas tarder à nous en aller) .