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dimanche 14 janvier 2018

Une expédition aux sources du Sinnamary (part 1/2)

   Bon ben voilà, je vous avais prévenu, l'Homme passe son temps en vadrouille alors moi j'ai un peu de mal à suivre ... c'est pas que, mais il file sur le fleuve, va se promener au Brésil, passe du temps avec son pote Eduardo, ... et au final moi je reste à la maison (enfin pas toujours ;-) et j'essaie de faire  tous les articles sur ses aventures !

Enfin pour celle-ci, je vous le dis, je n'ai pas eu ma place mais en même temps c'est sans regret parce que d’après ce que j'ai compris, ils n'ont pas mangé beaucoup de viande durant cette expédition sur le Sinnamary alors il y aurait eu de fortes chances que je finisse en brochettes, soigneusement pelée par le GROS couteau qu'il a toujours à la ceinture.
Et puis soyons clair, un WE à écouter les oiseaux c'est une chose, mais 15 jours à se balader dans la forêt sans un doux "chez soi" pour se lécher les pattes le soir venu, pas trop pour moi, ni pour les petits ou encore la Princesse ...

          Cette histoire, elle a commencé un 15 septembre, alors juste que la saison sèche venait de s'installer dans l'intérieur des terres. Le niveau de l'eau est encore haut et rares sont ceux qui sont venus au cœur du parc amazonien depuis de long mois. Et c'est là que s'est déroulée cette aventure qui allait mener 4 copains à se faire déposer en hélicoptère à saut Parasol pour rejoindre en canoës gonflables (de marque GUMOTEX, les seuls qui nous ont paru suffisamment fiables pour ce à quoi on les destinait) et en semi autonomie le saut Takari Tante avant d'être ramenés par des potes jusqu'au barrage de petit saut 15 jours plus tard.





Certains ne manqueront pas de faire remarquer que le Sinnamary ne finit pas à Takari Tante, c'est vrai ... toutefois la traversée du lac présente que peu d'intérêt surtout quand on l'a déjà fait un certain nombre de fois (voire un nombre certain) !!!
Qui plus est, la présence d'orpailleurs clandestins est devenue quasi permanente dans le secteur avec les risques que cela peut générer. Il suffit de regarder les flancs de collines sur les rives est du lac pour comprendre l'enjeu de ce qui s'y déroule en plus bien sur des enjeux liés au secteur de St. Elie.



Comme le trip en Colombie, c'est encore une longue histoire, et comme toute les longues histoires, elle se fera en plusieurs parties avec beaucoup de photos et quelques vidéos .

         Je  ne rentrerai pas trop dans les détails de l'organisation d'une telle expédition mais sachez que cela demande une certaine rigueur et une bonne connaissance de la forêt et des problèmes que l'on peut être amenés à rencontrer. Un petit problème sur la Comté (rivière digne de la promenade des anglais où l'on vient crâner le dimanche avec son bateau tout neuf) peut devenir une atteinte vitale lorsque l'on ait dans une zone isolée où un hélitreuillage est impossible et si on ne dispose pas de ce qu'il faut pour "tenir" le temps nécessaire pour se faire évacuer.
Lorsqu'on est loin, un petit problème devient vite un GROS problème. De plus, la gestion de la logistique a été complexe en raison du fait que tout est à mettre en rapport avec son poids et son encombrement au regard de son utilité ou du confort apporté !!

Pour cette aventure nous serons 4, connaissant assez bien la forêt, dotés d'un bon sens pratique, avec des compétences particulières en pêche, chasse, cuisine, organisation, canoë, cartographie, ... Chacun d'entre nous est indispensable au bon fonctionnement de l’expédition.
Pour vous donner une idée, l'hélico peut transporter 600 Kg en plus du pilote, à 4 nous faisons 320 Kg, les canoës 50 Kg, le reste c'est le matériel pour survivre durant 15 jours, et le complément en nourriture afin de pouvoir agrémenter ce que nous fournira la forêt ...


    
   Pour notre sécurité, nous emportons une balise GARMIN Inreach, matériel qui se révélera au top dans les conditions extrêmes auquel il sera soumis (eau, canopée très présente, ...) Ce matériel permet de donner l'alerte en cas de problème et de communiquer avec ses proches mais uniquement par SMS.
==> Une valeur sure que je recommande même pour des voyages en routard dans des pays où il peut être nécessaire de se faire localiser en cas de souci.





Bon ben voilà, une heure d'hélicoptère plus tard, nous voilà sur site, les problèmes commencent de suite, la "drop zone" normalement située sur une langue de sable au milieu du fleuve est un mètre sous l'eau !!!




Pas d'autre solution pour le pilote que de se poser dans "la verte" ... bonjour la galère pour lui comme pour nous. il faut tout dégager car il ne peut plus décoller, la végétation est revenue sur les pales et en plus on va layonner sur 150 mètres avant d'atteindre le fleuve, le traverser avec tout le matos et se poser enfin au carbet qui est au niveau de saut parasol.


 


 En paroles ça vous semble rapide, ça nous prendra presque 4h pendant lesquelles on va se faire piquer par les mouches à feu et bouffer par les poux d'agoutis et bien sur, sortir de là éreintés ...




Le résultat est là, on est enfin poser et on commence les trois choses les plus sérieuses que nous avons à faire: dans l'ordre boire un "ti punch" pour se remettre de nos émotions, manger et aller pêcher pour assurer le repas du soir ;-)





 

Bon là je vous le dis, il n'y a pas besoin d'être un super pêcheur pour attraper un aïmara lorsque l'on est aussi loin dans les terres, pour preuve je n'ai eu aucun mal pour en ramener. taille moyenne plus de 12 Kg avec de belles pointes au delà de 20 Kg avec les dents et la combativité qui vont bien !!






 Pour les amoureux de la nature, rassurez vous, nous avons fait surtout du "no kill" surtout les premiers jours et avons réalisé un prélèvement plus que raisonné sur le milieu que nous avons traversé au fil des jours afin que ceux qui viendront après nous, puissent eux aussi s'émerveiller comme nous l'avons été.


Quoi de plus beau que de constater que les oiseaux, les animaux ne fuient pas l'homme, ne connaissant pas le bruit et les conséquences mortelles d'un coup de fusil, . . .

Au regard de la qualité du spot on va décider de rester sur site au moins 5 jours d'autant que pour la petite histoire, le pilote de l'hélico a oublié de nous sortir une touque lorsqu'il nous a déposé et que celle-ci contient tous les condiments et sauces . . . . prochain passage lors d'un retour de mission pour la récupérer soit 5 jours plus tard ;-)
Merci à la Princesse pour son efficacité, c'est elle qui a géré la logistique sur ce coup là et c'était au top !!!


Ce maintient sur place durant plusieurs jours ne nous gène pas outre mesure car nous avons décidé de remonter au delà de saut parasol pour explorer les lieux et essayer de voir animaux, poissons et superbes paysages. Nous ne serons pas déçu et les jours passerons très vite car les ballades sont longues et les parties de pêche incroyables: un souvenir inoubliable pour chacun d'entre nous.



Pour l'anecdote, si un jour une personne vous dit qu'elle est allée en amont de saut parasol, étonnez vous car le Sinnamary est difficilement praticable, les sauts sont difficiles à franchir, la végétation est omniprésente et entrave largement toute remontée. Pour accéder à ce que nous estimons être la source du fleuve sur la base de la cartographie que nous avons, il faudrait compter 3 à 4 semaines minimum et une logistique bien plus importante que celle que nous avons, alors . . . .



  

 Le temps passe vite dans le confort et il déjà temps de commencer notre descente. Par prudence nous avons fait quelques galops d'essai sur saut parasol mais . . . à vide, nous n'avons pas pris en compte la répartition de la charge sur les canoës et Kevin et Jeff l'apprendront à leurs dépends dès le premier saut franchi en se renversant . . .





Aujourd'hui, le fleuve est plus riche d'une canne à pêche et d'un moulinet, mais ne vous inquiétez pas, il ne manque de rien, notre descente nous fera découvrir quelques coques alu bien plantées entre des rochers ou sous de la végétation, abandonnées depuis déjà quelques temps ;-))  et oui, le fleuve est loin d'être une partie de plaisir et on l'apprend tous les jours à ses dépends !
D'ailleurs comme je me plais à le répéter aux gens avec qui je parle forêt, elle n'est pas dangereuse, elle est juste hostile, ce qui n'est à mon avis pas la même chose !!

Cette descente du fleuve au rythme du courant et des pagaies va se révéler être un moment magique. pas de pollution mécanique, juste le chant des oiseaux, le vent dans les branches, bruit de l'eau qui contourne les roches, . . . .

A raison de 20 à 40 Km par jour, nous avançons tranquillement, le but n'est pas d'avoir un rythme de forçat mais de s'approprier un temps soit peu notre environnement et s'y intégrer afin qu'il nous oublie et ainsi découvrir des choses merveilleuses, pari réussi . . . .
De plus nous avons besoin de temps pour assurer notre subsistance mais aussi s'installer confortablement avant que la nuit n'arrive. Une expédition c'est aussi une grande partie de routine lorsque vient le moment de s’arrêter. Il faut installer le bivouac, faire le feu, se laver, ranger les affaires commencer à préparer le repas et bien sur trouver un poisson à manger (ou de la viande mais ça c'est une autre paire de manches ;-)


Je suis sur que certains sourient en voyant marquer "se laver", détromper vous, il est vital en forêt, de se laver et de veiller à son état physique car nous pataugeons toute la journée dans l'eau et que le moindre "bobo" prend une autre dimension lorsqu'il n'est pas soigné et qu'il marine dans l'eau toute la journée. Nous devons de même veiller à la présence de tiques ou de sangsues et observer toute piqûre ou autre et bien sur cela se fait avec de la lumière !!! donc avant que le soleil aille faire un tour de l'autre côté du globe, le journées se révèlent donc bien chargées.

Afin de suivre le cours de mon récit, je prends le temps de faire défiler les photos de notre périple et je m'aperçois que plus que les mots, c'est surtout les photos qui rendent compte le mieux de cette aventure alors je vais privilégier ces dernières, laisser place au silence pour que la magie des instants capturés vous envahisse . . . 




Notre descente nous permettra de croiser grâce à Pascal quelques Maïpouris, mais aussi des loutres, des Hoizans, des caïmans ou encore une biche, quasiment arrivés au lac de petit saut (sauf que celle-ci je soupçonne que c'est la même que j'ai vue il y a deux ans dans le même secteur et qu'elle me nargue, sachant qu'elle est en zone protégée . . .





Bien que je vais continuer la suite de ce récit et le publier dans la foulée, je préfère faire un "break" et vous laisser apprécier cette 1° partie.


        Voilà déjà 4 mois que nous sommes rentrés de ce trip et la forêt me manque, même si depuis je suis retourné me promener dans les criques et que j'ai même réussi à faire un naufrage en kayak avec nos amis Alexandra et Hector ....

Spécial "joke" pour toi mon ami Hector qui disait durant le naufrage "filme Alex, filme, c'est incroyable ..."  et donc spécial dédicace pour nous avec une photo dans des conditions nettement moi extrêmes ;-)  quoique ......