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mercredi 11 novembre 2015

Une semaine d'immersion en jungle . . . .

         Cet article, je vous l'avais promis il y a déjà plusieurs semaines de cela mais les copains sont venus, je me suis fait mal au genou ce qui a fait que même si j'avais le temps de me mettre sur mon PC, et je n'avais donc pas trop le moral pour m'étendre sur ces 5 jours que j'avais passé fin septembre début octobre au Centre d'Entrainement en Forêt Équatoriale, géré par le 3° Régiment Étranger d'Infanterie

Alors le CEFE c'est quoi ? ! ?, tout d'abord quand on est sur la route de l'est et qu'on roule vers St. Georges de l'Oyapoque (vers le Brésil quoi !), le CEFE c'est juste la pancarte ci-dessous au bord de la route avec derrière une piste qui s'enfonce dans la forêt, c'est rien mais quand on connait c'est déjà beaucoup !!

 On trouve sur Internet les éléments suivants lorsque l'on s’intéresse un peu à la chose.



Les missions du centre sont multiples :

  • Aguerrissement des unités en poste permanent dans le département (et notamment le 3e REI, mais aussi les unités en mission de courte durée (4 mois) aux spécificités du milieu.
  • Préparation opérationnelle des unités chargées d'effectuer des opérations de contrôle des frontières et/ou de recherche des sites d'orpaillage illégaux
  • Apprentissage du commandement en situation extrême pour les chefs amenés à conduire des unités en terrain hostile (le CEFE organise un stage international de chef de section jungle)
  • Expertise et recherche dans les savoir-faire propres au milieu tropical.



Il existe plusieurs types de stage organisés par le CEFE, dont certains peuvent se faire à la carte en fonction des besoins de l'unité stagiaire :

  • stage d'initiation de 2 à 5 jours
  • stage d'aguerrissement de 2 semaines
  • stage de combat jungle (ouvert aux unités françaises expérimentées ainsi qu'aux unités étrangères)
  • stage de formateur de 6 semaines (permettant de former les futurs instructeurs de plusieurs pays d'Amérique du Sud)
  • stage de "chef de section jungle"

La formation y est axée sur la rusticité, la condition physique et l'adaptation aux conditions climatiques, notamment aux conditions particulières à la forêt équatoriale.
Les militaires s'y entraînent à la pratique des pistes (type piste de risque) individuelles et collective dans un milieu hostile, au combat en jungle, à la manipulation des explosifs, au tir, au franchissement des cours d'eau, etc. . . .

Venir en Guyane et ne pas participer à un tel stage alors qu'on en a la possibilité, me paraissait inconcevable, cependant, il ne faut pas croire qu'il suffit d'aller taper à la porte du centre pour y être admis et ce même si vous êtes policier, gendarme, douanier, . . .

C'est donc grâce à la PAF de Guyane, dont je salue les éminents représentants  ;-) que j'ai pu intégrer ce stage opérationnel de lutte contre l'immigration clandestin liée à l'orpaillage illégal.

Une semaine pour apprendre les bases de la vie en forêt, appréhender son environnement pour  ne pas faire, n'importe quoi n'importe comment, mais aussi passer de bons et durs moments avec des collègues qui comme moi aiment la forêt et tout ce qu'elle offre.

Je ne vais pas vous faire un résumé exhaustif de tout ce que nous avons fait pendant une semaine, mais plutôt vous glisser quelques photos avec un petit commentaire par ci par là, sachant que l'objectif du stage était bien sur d'être capable de se déplacer et de vivre dans les meilleures conditions possible en forêt (couchage, camp, feu, ...) mais aussi de s'y déplacer, de surmonter les obstacles naturels et aussi d'aller contre de nombreuses idées reçues sur la forêt et ses dangers.
Le but n'est pas de faire croire qu'il n'y a pas de danger en forêt équatoriale, mais plutôt qu'avec un peu de bon sens et de prudence, ceux-ci restent modérés. par exemple, toute eau trouble ou boueuse ne cache pas un crocodile ou un anaconda de 10 mètres (quoique !!) par contre, pisser dans l'eau peut amener à attraper un poisson candiru et là c'est pas cool du tout ==> Ça chinois, c'est pour toi ....




Ça c'est le 1° jour, on vient juste d'arriver et parmi nous, un a déjà fait le stage et reste juste le temps que l'on fasse les séances de tir, avant de repartir le lendemain matin.

Merci "Schmoll" pour ta présence et tes conseils éclairés.








 Là on peut voir que j'ai bien écouté ce que l'on m'a dit en matière d'installation de mon bivouac. Deux arbres, une corde faîtière, une bâche avec dessus mon hamac, un bon espace de vie en cas de pluie (c'est pas un 4 pièces non plus, faut pas pousser !!)































     

    


    Après les séances de tir, on attaque par du sérieux: "la coupure humide", c'est beau comme nom ?
C'est juste pour dire que vous et votre p... de bardât de quasiment 30 Kg vous allez traverser la rivière en vous tenant à la corde sachant bien sur que le courant n'a qu'une seule envie vous emmener bien loin de l'endroit ou vous voulez aller ...


 Surtout ne pas se fier aux apparences, en fait le courant est énorme et la rivière assez large. Pour couronner le tout lorsqu'on arrive de l'autre côté, on se retrouve dans un immense enchevêtrements de branches qui se confond avec une boue bien collante dans laquelle on s'enfonce jusqu'aux cuisses ...

Sympa, et dire que certains paient pour se barbouiller de boue, c'est bon pour la peau qu'ils disaient ...





Étape suivante la piste PECARI, il s'agit d'un parcours sportif adapté à la vie en jungle, c'est à dire en bien plus bête, bien plus mouillé et gadouilleux et bien dur !!



Bien sur vous la faîtes une fois en reconnaissance et découverte et puis une fois chrono, il s'agit  de quelque chose de mythique en la matière.





Le plaisir c'est que la difficulté des obstacles varie avec le jeu des marées; Et oui mon bon monsieur (ou ma bonne dame) ici les marées influent largement jusqu'à très profondément dans les terres, c'est un élément impératif à prendre en compte lorsque l'on circule en kayak sur les cours d'eau ou bien lorsque l'on veut marcher en bord de crique (= rivière)

 Allez trêve de blabla, c'est parti, j'en ai chié ... grave mais bon j'ai carrément bien assuré pour le passage des obstacles, par contre niveau chrono, par rapport aux militaires sur-entrainés qui viennent sur site, "no comment" ...
En même temps soyez un peu indulgent j'ai presque 45 ans  ;-)



 Un petit "dessus-dessous", bien sur les troncs sont lisses, mouillés et glissant, on n'a pas pied pour monter sur le 1°, rien pour se tenir lorsqu'on se redresse (merci la grimpe) et bien sur, le tronc du haut est à 2 mètres de celui du bas.

Ah, j'allais oublier, les fringues et les pompes sont pleines d'eau et de boue, j'adore ...

 


 Ça c'est "l'échelle laotienne", j'adore nos amis du continent sud asiatique mais là, oublier les barreaux entre les deux troncs verticaux ça ne facilite pas la vie ....  Bon ça passe quand même.


 Bon des fois on se repose mais pas souvent, on écoute un autochtone qui nous explique ce que manger ou pas dans la forêt, préparer un poisson, dépecer un gibier en retirant les glandes qui abiment la viande, ...

Super intéressant mais une masse de connaissance énorme qu'il est difficile de retenir surtout lorsqu'on ne met pas en pratique régulièrement (du style parce qu'on se blesse au genou ;-)




Le maître des lieux et l'expert en la matière, bientôt 70 ans  et bon pied bon œil, un puits de connaissances en matière de forêt;

Au résultat, on mangera du riz et des haricots rouges en sauce avec du tapir, de l'agouti mais aussi de l'aïmara, un vrai régal.






          Sachant bien sur que cela fait des jours que l'on mange des rations de combat à tous les repas. Vu qu'on se les traîne c'est quand même mieux de les manger, le poids se déplace, c'est la règle de l'apesanteur, ça part des épaules jusqu'au sol !!!!

         Mais c'est pas parce que l'on a bien mangé qu'il va pas falloir continuer à souffrir, mais là franchement ça se complique sérieusement; Après le parcours sportif, c'est le tour parcours du combattant, à savoir "la piste groupe", objectif :
TRAVAILLER    LA    COHÉSION
   En avant pour la rigolade, avec une musette sur le dos, un Famas à la main et c'est parti ...




          Vous avez le choix: Soit vous passez dessus sur 20 mètres soit vous tombez et vous vous enfoncez dans la boue jusqu'à la taille et c'est 20 mètres quand même !!!  Moi j'ai pas voulu tomber, le collègue lui, il faisait 130 Kg et il aimait bien la boue (du moins j'espère ;-)



  C'est au pied du mur qu'on voit le maçon ...

Grand moment de réflexion et après ... il y a pas deux mille solutions ! on nous a pas demandé d'être fin alors on envoie du lourd !







 C'est presque la fin de la piste, une photo souvenir avec le "poto" Tony qui turbinait bien et qui aime vraiment la forêt.

C'est pas le seul c'est sur mais en tout cas, j'ai vraiment passé de bon moment avec lui et on a bien rigolé ....






      C'est la fin on vient de toucher le poteau jaune, on est jeudi en fin de journée, demain on reprendra la direction du camp, du bar puis de la civilisation, mais juste après avoir crié le mot d'ordre et de ralliement du CEFE qui précède et finit toutes les épreuves pour donner du du courage à chacun :

S A L V A  ! ! ! *

     Voilà une bien belle aventure qui se termine, un moment vraiment particulier avec des fous rires, des coups de gueule, des surprises, ....
Mais surtout un stage qui a totalement changé mon approche de la forêt, la preuve je ne pense qu'à une seule chose lorsque j'en sors ....  y retourner !!


* SALVA --> la forêt (en Brésilien)

dimanche 1 novembre 2015

Connaissez vous Edouardo CRUZ ? ! ? !

        Et si ce n'est pas le cas, vous ne le savez pas mais vous êtes surement passé à côté de quelque chose de vraiment particulier et l'histoire que je vais vous conter va surement vous mettre des étoiles plein la tête et des horizons lointains plein les yeux.

Les histoires ont toujours une genèse, un milieu et une fin et comme je ne suis pas quelqu'un de conformiste, je vais commencer par la fin, je devrais dire le résultat -ou du moins l'un des résultats- dont l'Homme et Aymeric ont bénéficié suite à la rencontre de ce personnage hors du commun qu'est M. Eduardo CRUZ.
Je vous laisse apprécier . . . 

Ça c'est le couteau de l'Homme, il coupe tout sauf les oreilles de Princesse !!

           Mais tout d'abord commençons par le commencement sinon on ne va pas s'en sortir.
L'histoire est simple, elle débute pendant le CEFE de ce que je sais, l'Homme décida un soir de débiter du bois pour le feu avec sa machette et son acharnement fini par le bris du manche de sa lame fétiche vous savez celle qu'il traîne depuis le "93", qui dort dans le 4X4 et qui a, à son actif de nombreuses oreilles de "mécréants" (on s'en fout il y a maintenant amnistie ;-)



C'est elle, juste à gauche lorsqu'elle est arrivée chez le docteur Eduardo.
Inquiet de voir son joujou ainsi hors-service l'Homme s'est mis en quête de quelqu'un capable de lui refaire une nouveau manche pour sa lame mais étant en Guyane, avec le luxe de l'équiper d'un bois "peyi".




Il ne faut pas croire que ce fut chose facile, ici une machette "tramontina" coûte 15€, elle rouille, elle casse, on la perd, pas de souci on en achète une nouvelle, c'est un outil de consommation courante, alors pourquoi refaire un manche !!
Mais le bouche à oreille s'étant mis en marche, l'Homme a obtenu un nom "la forge du Mahury" et un numéro de GSM. Un petit tour sur Internet permet de trouver le site ad'hoc et là le rêve commence . . . .
http://eduardo-cruz-forge.blogspot.com/p/page.html

Quelques jours plus tard, Aymeric et l'Homme vont à la rencontre du personnage, Eduardo et ce sera le début d'une histoire pleine de récits merveilleux, de voyages, d'échanges, ...

Pour vous décrire le maître des lieux qui pourrait le faire mieux que lui même, pour éviter de le plagier, je fais le choix d'emprunter à son site la description qu'il donne de son personnage:

" Fils d`immigrants Espagnols, né à Paris en 1963, j'ai grandi entre la France et la Galice, ce qui m'a sûrement donné le goût du voyage et fait de moi le nomade des mers que je suis devenu.

À bord de notre voilier ''Jocéba'' depuis 1988, avec Claudia ma compagne, et après un faux départ en 1993 (naufrage en Espagne) nous larguons enfin les amarres en 1996!!

C'est au cours de ce voyage autour du monde que je réalisais mes premiers couteaux aux Iles Marquises avec mon ami Maho en 2001. Je travaille le cuir depuis les années 90 !

Arrivé à Nouméa en 2002 (Nouvelle Calédonie) j'ai équipé mon atelier à bord du voilier en achetant un minimum d'outillage. J'y customisais, alors, les opinels et les sabres de Thiers, profitant de l'abondance sur place des bois de cerfs et autres bois tropicaux.

La suite du voyage nous amena en Asie du Sud-Est, aux Philippines d'abord, puis à Bornéo, péninsule de Malaisie et Thaïlande, où j'ai observé et admiré le savoir-faire des forgerons locaux. Ils forgent par nécessité et leur art est bien vivant !

Après 6 années passées en Asie et la naissance de notre fils Angelo (en 2007 en Malaisie, île de Langkawi) nous décidâmes, en 2011, de retourner vers la vieille Europe après 15 ans d'absence. Arrivés en Méditerranée, nous avons mis le cap sur l'Atlantique et ses îles (Canaries, Cap-Vert) puis nous avons continué le voyage vers la Guyane Française afin de découvrir sa forêt!

Ancré au port de Dégrad des Cannes sur le fleuve Mahury, j'ai installé mon atelier avec l'aide de l'ami Guy qui me laissa disposer d'un local, étant lui même un ancien marin voyageur et passionné de belles lames ! "
 



 Il faut bien vous donner une idée du personnage, le voilà avec l'Homme, dans l'atelier alors qu'il vient de finaliser le fil d'un couteau.






Au fil des rencontres, Eduardo, Aymeric et l'Homme vont sympathiser se découvrir de points communs comme les destinations lointaines, la pêche, la forêt, le plaisir des choses simples de la vie, . . . 
L'Homme en profitera pour acheter un magnifique couteau de chasse dont le manche est fait en bois violet de Guyane et la lame dans un guide de tronçonneuse STILL, car ce qui est caractéristique d'Eduardo c'est qu'il réalise lui même l'intégralité de ses couteaux, machettes ou parangs.

Jamais il n'achète de métal en bande pour réaliser une lame, cette dernière sera réalisée dans un guide de tronçonneuse, une cage de roulement à billes, un morceau de ressort d'amortisseur de camion ou bien encore une lame d'amortisseur de 4X4 avec une préférence pour le Land Rover.

Concernant le manche, les matériaux les plus divers et les plus exotiques viennent composer ses réalisations, corne de cerf de nouvelle Calédonie, bois de Guyane, corne de buffle, ce sont les cadeaux reçus au fil des rencontres qui permettent de telles compositions.

Pour le cuir, il vient lui aussi d'horizons divers mais toujours avec cette recherche de la qualité et de la résistance que doit caractériser tout ce qui est fabriqué aux fins d'être utilisé sur la Guyane.

Pour exemple:



 Voici quelques réalisations d'Eduardo, souvent il s'agit de commandes passées par des amoureux des belles choses, marins au long cours, militaires sous contrat en Guyane, ...





Mais toujours ce même amour des belles pièces et une grande patience, car Eduardo passe beaucoup de temps sur ses réalisations, se laissant le temps d'apprécier le fil, l'équilibre de ses créations. Les jours deviennent vite des semaines voire des mois mais le résultat final est souvent au delà de toutes les espérances de celui qui l'a sollicité.


         Parmi les 5 couteaux présentés sur cette photo, seul UN, celui du centre est encore en vente, les deux de gauche sont des commandes et les deux de droite ont été achetés par Aymeric.

Au jour d'aujourd'hui, Eduardo se refuse à prendre de nouvelles commandes car elles nécessitent de longues discussions avec la personne qui le sollicite pour connaître ses attentes, l'usage qu'il va faire du couteau, ...   et en attendant, sa vitrine se vide tout doucement et il ne reste plus que quelques pièces pour témoigner de son savoir faire.

         La fin de l'année devrait voir la réalisation de plusieurs parangs, objets massifs et puissants qui remplacent largement la machette et sont originaires de Malaisie.

Eduardo a déjà forgé les lames, mais le choix des manches et de leur étui n'a pas encore été fait.
Un des trois risque bien de devenir la propriété de l'Homme . . . à voir, ce sera Noël !!


La lame du couteau se trouvant au 1° plan a été réalisée dans une râpe de maréchal ferrant ! !





          Quelque unes des créations d'Eduardo, encore dans sa vitrine, les racks vides (à gauche) témoignent du succès de son travail dans le domaine de la coutellerie.

Je vous enjoins à aller directement sur son site internet pour bénéficier de photographies de qualité, agrémentées de toutes les explications liées à la réalisation de chaque pièce.

 En conclusion, une rencontre merveilleuse, au fond d'une zone industrielle improbable (Degrad de Cannes), dans un hangar qui donne l'impression d'être abandonné et où règne quelquefois une chaleur étouffante (surtout quand EDF est en grève, c'est à dire en ce moment quasiment tous les jours !!)

Merci Eduardo pour ces moments passés en ta compagnie, je sais qu'il y en aura beaucoup d'autres, à la forge, en forêt ou sur le fleuve où de nouvelles aventures nous attendent pleines de soirées autour du feu où tu me compteras tes périples en mer rouge, tes aventures dans le sud-est asiatique, ta vie de vagabond des mers, .....





 " Couteau de Marin, en souvenir de Thomas disparu en mer.
Lame forgé dans un guide de tronçonneuse de 12cm de long par 4cm de large et 4mm d'épaisseur.
Le manche est en Amarante. l'étui est en cuir végétal teinté marron clair "