Cet article, je vous l'avais promis il y a déjà plusieurs semaines de cela mais les copains sont venus, je me suis fait mal au genou ce qui a fait que même si j'avais le temps de me mettre sur mon PC, et je n'avais donc pas trop le moral pour m'étendre sur ces 5 jours que j'avais passé fin septembre début octobre au Centre d'Entrainement en Forêt Équatoriale, géré par le 3° Régiment Étranger d'Infanterie
Alors le CEFE c'est quoi ? ! ?, tout d'abord quand on est sur la route de l'est et qu'on roule vers St. Georges de l'Oyapoque (vers le Brésil quoi !), le CEFE c'est juste la pancarte ci-dessous au bord de la route avec derrière une piste qui s'enfonce dans la forêt, c'est rien mais quand on connait c'est déjà beaucoup !!
On trouve sur Internet les éléments suivants lorsque l'on s’intéresse un peu à la chose.
Les missions du centre sont multiples :
- Aguerrissement des unités en poste permanent dans le département (et notamment le 3e REI, mais aussi les unités en mission de courte durée (4 mois) aux spécificités du milieu.
- Préparation opérationnelle des unités chargées d'effectuer des opérations de contrôle des frontières et/ou de recherche des sites d'orpaillage illégaux
- Apprentissage du commandement en situation extrême pour les chefs amenés à conduire des unités en terrain hostile (le CEFE organise un stage international de chef de section jungle)
- Expertise et recherche dans les savoir-faire propres au milieu tropical.
Il existe plusieurs types de stage organisés par le CEFE, dont certains peuvent se faire à la carte en fonction des besoins de l'unité stagiaire :
- stage d'initiation de 2 à 5 jours
- stage d'aguerrissement de 2 semaines
- stage de combat jungle (ouvert aux unités françaises expérimentées ainsi qu'aux unités étrangères)
- stage de formateur de 6 semaines (permettant de former les futurs instructeurs de plusieurs pays d'Amérique du Sud)
- stage de "chef de section jungle"
La formation y est axée sur la rusticité, la condition physique et l'adaptation aux conditions climatiques, notamment aux conditions particulières à la forêt équatoriale.
Les militaires s'y entraînent à la pratique des pistes (type piste de risque) individuelles et collective dans un milieu hostile, au combat en jungle, à la manipulation des explosifs, au tir, au franchissement des cours d'eau, etc. . . .
Venir en Guyane et ne pas participer à un tel stage alors qu'on en a la possibilité, me paraissait inconcevable, cependant, il ne faut pas croire qu'il suffit d'aller taper à la porte du centre pour y être admis et ce même si vous êtes policier, gendarme, douanier, . . .
C'est donc grâce à la PAF de Guyane, dont je salue les éminents représentants ;-) que j'ai pu intégrer ce stage opérationnel de lutte contre l'immigration clandestin liée à l'orpaillage illégal.
Une semaine pour apprendre les bases de la vie en forêt, appréhender son environnement pour ne pas faire, n'importe quoi n'importe comment, mais aussi passer de bons et durs moments avec des collègues qui comme moi aiment la forêt et tout ce qu'elle offre.
Je ne vais pas vous faire un résumé exhaustif de tout ce que nous avons fait pendant une semaine, mais plutôt vous glisser quelques photos avec un petit commentaire par ci par là, sachant que l'objectif du stage était bien sur d'être capable de se déplacer et de vivre dans les meilleures conditions possible en forêt (couchage, camp, feu, ...) mais aussi de s'y déplacer, de surmonter les obstacles naturels et aussi d'aller contre de nombreuses idées reçues sur la forêt et ses dangers.
Le but n'est pas de faire croire qu'il n'y a pas de danger en forêt équatoriale, mais plutôt qu'avec un peu de bon sens et de prudence, ceux-ci restent modérés. par exemple, toute eau trouble ou boueuse ne cache pas un crocodile ou un anaconda de 10 mètres (quoique !!) par contre, pisser dans l'eau peut amener à attraper un poisson candiru et là c'est pas cool du tout ==> Ça chinois, c'est pour toi ....
Ça c'est le 1° jour, on vient juste d'arriver et parmi nous, un a déjà fait le stage et reste juste le temps que l'on fasse les séances de tir, avant de repartir le lendemain matin.
Merci "Schmoll" pour ta présence et tes conseils éclairés.
Là on peut voir que j'ai bien écouté ce que l'on m'a dit en matière d'installation de mon bivouac. Deux arbres, une corde faîtière, une bâche avec dessus mon hamac, un bon espace de vie en cas de pluie (c'est pas un 4 pièces non plus, faut pas pousser !!)
Ça c'est le 1° jour, on vient juste d'arriver et parmi nous, un a déjà fait le stage et reste juste le temps que l'on fasse les séances de tir, avant de repartir le lendemain matin.
Merci "Schmoll" pour ta présence et tes conseils éclairés.
Là on peut voir que j'ai bien écouté ce que l'on m'a dit en matière d'installation de mon bivouac. Deux arbres, une corde faîtière, une bâche avec dessus mon hamac, un bon espace de vie en cas de pluie (c'est pas un 4 pièces non plus, faut pas pousser !!)
Après les séances de tir, on attaque par du sérieux: "la coupure humide", c'est beau comme nom ?
C'est juste pour dire que vous et votre p... de bardât de quasiment 30 Kg vous allez traverser la rivière en vous tenant à la corde sachant bien sur que le courant n'a qu'une seule envie vous emmener bien loin de l'endroit ou vous voulez aller ...
Surtout ne pas se fier aux apparences, en fait le courant est énorme et la rivière assez large. Pour couronner le tout lorsqu'on arrive de l'autre côté, on se retrouve dans un immense enchevêtrements de branches qui se confond avec une boue bien collante dans laquelle on s'enfonce jusqu'aux cuisses ...
Sympa, et dire que certains paient pour se barbouiller de boue, c'est bon pour la peau qu'ils disaient ...
Étape suivante la piste PECARI, il s'agit d'un parcours sportif adapté à la vie en jungle, c'est à dire en bien plus bête, bien plus mouillé et gadouilleux et bien dur !!
Bien sur vous la faîtes une fois en reconnaissance et découverte et puis une fois chrono, il s'agit de quelque chose de mythique en la matière.
Le plaisir c'est que la difficulté des obstacles varie avec le jeu des marées; Et oui mon bon monsieur (ou ma bonne dame) ici les marées influent largement jusqu'à très profondément dans les terres, c'est un élément impératif à prendre en compte lorsque l'on circule en kayak sur les cours d'eau ou bien lorsque l'on veut marcher en bord de crique (= rivière)
Allez trêve de blabla, c'est parti, j'en ai chié ... grave mais bon j'ai carrément bien assuré pour le passage des obstacles, par contre niveau chrono, par rapport aux militaires sur-entrainés qui viennent sur site, "no comment" ...
En même temps soyez un peu indulgent j'ai presque 45 ans ;-)
Un petit "dessus-dessous", bien sur les troncs sont lisses, mouillés et glissant, on n'a pas pied pour monter sur le 1°, rien pour se tenir lorsqu'on se redresse (merci la grimpe) et bien sur, le tronc du haut est à 2 mètres de celui du bas.
Ah, j'allais oublier, les fringues et les pompes sont pleines d'eau et de boue, j'adore ...
Ça c'est "l'échelle laotienne", j'adore nos amis du continent sud asiatique mais là, oublier les barreaux entre les deux troncs verticaux ça ne facilite pas la vie .... Bon ça passe quand même.
Bon des fois on se repose mais pas souvent, on écoute un autochtone qui nous explique ce que manger ou pas dans la forêt, préparer un poisson, dépecer un gibier en retirant les glandes qui abiment la viande, ...
Super intéressant mais une masse de connaissance énorme qu'il est difficile de retenir surtout lorsqu'on ne met pas en pratique régulièrement (du style parce qu'on se blesse au genou ;-)
Le maître des lieux et l'expert en la matière, bientôt 70 ans et bon pied bon œil, un puits de connaissances en matière de forêt;
Au résultat, on mangera du riz et des haricots rouges en sauce avec du tapir, de l'agouti mais aussi de l'aïmara, un vrai régal.
Sachant bien sur que cela fait des jours que l'on mange des rations de combat à tous les repas. Vu qu'on se les traîne c'est quand même mieux de les manger, le poids se déplace, c'est la règle de l'apesanteur, ça part des épaules jusqu'au sol !!!!
Mais c'est pas parce que l'on a bien mangé qu'il va pas falloir continuer à souffrir, mais là franchement ça se complique sérieusement; Après le parcours sportif, c'est le tour parcours du combattant, à savoir "la piste groupe", objectif :
TRAVAILLER LA COHÉSION
En avant pour la rigolade, avec une musette sur le dos, un Famas à la main et c'est parti ...
Vous avez le choix: Soit vous passez dessus sur 20 mètres soit vous tombez et vous vous enfoncez dans la boue jusqu'à la taille et c'est 20 mètres quand même !!! Moi j'ai pas voulu tomber, le collègue lui, il faisait 130 Kg et il aimait bien la boue (du moins j'espère ;-)
C'est au pied du mur qu'on voit le maçon ...
Grand moment de réflexion et après ... il y a pas deux mille solutions ! on nous a pas demandé d'être fin alors on envoie du lourd !
C'est presque la fin de la piste, une photo souvenir avec le "poto" Tony qui turbinait bien et qui aime vraiment la forêt.
C'est pas le seul c'est sur mais en tout cas, j'ai vraiment passé de bon moment avec lui et on a bien rigolé ....
C'est la fin on vient de toucher le poteau jaune, on est jeudi en fin de journée, demain on reprendra la direction du camp, du bar puis de la civilisation, mais juste après avoir crié le mot d'ordre et de ralliement du CEFE qui précède et finit toutes les épreuves pour donner du du courage à chacun :
S A L V A ! ! ! *
Mais surtout un stage qui a totalement changé mon approche de la forêt, la preuve je ne pense qu'à une seule chose lorsque j'en sors .... y retourner !!
* SALVA --> la forêt (en Brésilien)
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